Philip Kaufman a beau être de Chicago et y avoir fait ses deux premiers films, il exsude San Francisco par tous les pores plus encore que d'autres fameux Franciscains d'adoption, Coppola ou le banlieusard Lucas compris. Si sa carrière l'a mené du Midwest à Hollywood en passant par l'Europe, Kaufman a une pratique palpable de la ville. Il vient d'y tourner son dernier film, Blackout, dans le quartier sino-italien de North Beach qu'il fréquente quotidiennement parce qu'il y a ses bureaux. Les intérieurs étaient en revanche filmés du côté du Golden Gate Bridge, sur des plateaux dans l'ancien poste militaire du Presidio, où il se rendait à pied de chez lui un vallon au pied de Pacific Heights nommé Cow's Hollow. Et, pour avoir eu sa première vision de Sausalito en 1961 et habité le Haight-Ashbury en 1966, on peut dire que ce cinéaste bohème a ses racines sur la péninsule, même s'il ne s'y est installé pour de bon qu'en 1973.
Si sa façon immanquable de prononcer Chi-câ-go trahit encore ses origines, Kaufman s'est depuis fait le physique du parfait sensualiste, plus ad hoc pour cette ville de jouisseurs. Barbu, un peu enrobé, teint couperosé et lèvre gourmande, il reçoit dans ses pénates de Walrus Productions, à deux pas du Cafe Roma, sur Stockton. «De toutes les villes américaines, c'est celle que je préfère : une communauté d'amis, que je vois presque tous les jours. J'aime pouvoir y travailler avec ma femme et mon fils Peter, qui produit mes films. J'aime le temps qu'il y fait