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Libération

L'oeil était dans la tombe

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Un conte des frères Pang où une jeune aveugle, recouvrant la vue, croise le monde des spectres.
publié le 27 août 2003 à 0h43

Après la première sortie estivale du cinéma des frères Oxide et Danny Pang, Bangkok Dangerous (Libération du 16 juillet), arrive aujourd'hui leur deuxième opus, The Eye. En février, ce film des jumeaux thaïlandais a déjà fait un petit tour au Festival du film fantastique de Gérardmer, où les aficionados qui le virent restèrent cois, cherchant sans doute à démêler dans cet hybride ses propres sucrins. Il faut dire qu'avec ce The Eye, conciliant d'inconciliables références, de John Mc Tierman à Alan Parker en passant par Hideo Nakata, les jumeaux apparaissent comme des spécialistes d'un certain mauvais goût. «Accrochez-vous», inscrivent-ils même sur le générique.

Solitude. Et on s'accroche non pas au fauteuil, comme on devrait le faire dans tout bon film de peur, mais au fil du film heureusement érectile, tendu, arqué, vers une, une seule mais belle, acmé pyrotechnique. A 20 ans, aveugle depuis l'âge de 3 ans, après une transplantation de la cornée, une jeune femme, Mann, recouvre la vue. Jetée hors du monde des aveugles mais n'appartenant pas complètement à celui des voyants, Mann s'éveille dans une extrême solitude. Sa soeur, sa mère mais également un médecin l'accompagnent dans ses fatigues, l'aident à nommer ce qu'elle ne peut et ne sait encore désigner.

Ombres. Comme un animal des cavernes, Mann souffre de la lumière. Nyctalope, elle se terre derrière des verres teintés, se faufile comme une ombre parmi les ombres. Et c'est bien d'ombres qu'il s'agit, puisque la jeune femme