"1940. A Buenos Aires, ma ville natale, retour du jardin d'enfants, je trouve mes parents soucieux. Il est question d'un homme très dangereux, un certain «Mitler» ou «Bitler»... Je prends conscience que le monde peut être redoutable.
1944. Ma classe part fêter la libération de Paris à la Plaza Francia. La policia montada charge. Jamais des chevaux ne m'ont paru aussi gigantesques.
1951. Découverte du cinéma muet au ciné-club Gente de Cine et à la Cinémathèque argentine.
30 décembre 1952. J'embarque sur le Claude-Bernard pour la France, avec 50 dollars et quelques accréditations de journaux. Je joue le matamore, mais je suis morte de frousse.
16 janvier 1953. Je débarque au Havre. Train pour Paris. Il fait un froid de loup. Je loue une chambre rue de Seine, achète un poste de radio et m'enferme pour apprendre le français. Début de la vache enragée. J'envoie des piges aux journaux argentins à 5 dollars pièce.
Février 1953. Représentant la Cinémathèque argentine, je rends visite à Henri Langlois et Mary Meerson. Très bon accueil. Je vais au cinéma tous les soirs.
Mars 1953. Lors d'un hommage à Méliès, Langlois me présente Abel Gance. Rencontre capitale.
Mai 1953. Au Festival de Cannes, je revois Gance. Il me demande de travailler avec lui à l'écriture d'un scénario, le Royaume de la terre. Début d'une passionnante collaboration de onze années.
16 juin 1954. Au vernissage d'une exposition Chagall, je fais la connaissance de Philippe Soupault. Première rencontre avec les Champs magnétiqu