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Libération
Critique

Les dessous noirs de l'Europe

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Un trafic d'organes dans un polar décapant de Stephen Frears.
publié le 3 septembre 2003 à 0h49

Il s'en passe de belles, la nuit, dans les hôtels respectables de Londres, et on trouve de drôles de choses dans les toilettes des chambres fraîchement abandonnées... Sans parler des magouilles sordides qui se trament à l'office et des trajectoires secrètes que dissimulent les uniformes éclatants du personnel.

Stephen Frears plonge dans l'envers du décor pour touiller un film noir actualisé à l'heure de l'Europe de Schengen et de l'immigration clandestine : ça donne un polar tassé-serré, à l'ancienne, hyperefficace et méchamment drôle, à base de clandestinité tous azimuts et de trafic d'organes. Pas besoin de flingues ni de geyser d'hémoglobine pour rouler violent, ni de pathos pour sonder l'exploitation des femmes et du tiers-monde, mais une bonne dose d'humour teigneux servi par une petite panoplie melting pot d'acteurs formidables : Chiwetel Ejiofor, black espoir britannique en toubib nigérian déclassé (lire ci-dessous), Audrey Tautou, très loin d'Amélie mais parfaite en jeune Turque butée, et l'inépuisable Sergi Lopez, l'accent gominé et le cynisme à fleur de dents...

Scénario percutant. Evidemment, on pourra se dire, après coup, que cette intrigue emballée pendait à des ficelles tirées par les cheveux. Pas de quoi se gâcher la traversée pour autant : un scénario si percutant (signé Steven Knight), «ça ne se trouve pas tous les jours», affirme Frears. «Pas question de le laisser s'échapper, j'ai sauté dessus tout de suite, comme pour My beautiful laundrette ! Le script lui