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Libération
Critique

«Zatoichi» à la spaghetti

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Kitano fait au film de sabre ce que Sergio Leone infligea au western.
publié le 3 septembre 2003 à 0h49

Parmi les films concourant pour le Lion d'or, c'était Bu-san de Tsai Ming-liang qui avait les préférences de la critique italienne. La projection du nouveau film de Takeshi Kitano pourrait bien relancer le suspense tant le cinéaste japonais est systématiquement plébiscité ici, aussi bien par la presse que par un public conquis d'avance. L'an passé déjà, le pourtant à peine regardable Dolls avait arraché aux fans des cris dignes d'un concert des Stooges. Rebelote cette fois encore, le générique de fin tombe à peine sur les dernières péripéties de Zatoichi que des voix clament le nom de leur idole, ce coup-ci peroxydée à l'image, «Ki-tââââââ-no», un type, touché par la grâce, hurle «il Dio» (le Dieu), et les applaudissements repartent de plus belle.

Carnages. Zatoichi est un film de sabre se déroulant dans le Japon du XIXe siècle. Il s'inspire d'une série populaire diffusée à la télévision entre 1962 et 1989. Son héros est un vagabond aveugle, d'une habileté sans faille dans le maniement des armes. Dans le film, il vient en aide à deux geishas (dont l'une est en fait un garçon travesti) qui veulent se venger du gang Ginzo responsable, dix ans auparavant, du meurtre de leurs parents. Autant la veine mélodramatique de Kitano est toujours quelque chose d'absolument embarrassant (cf. le très surestimé Hana-bi, Lion d'or en 1997), autant la toile se retend dès qu'il s'agit de filmer froidement des successions de carnages ponctués de gags et de stases musicales à la manière de ses pr