Alors que Nicolas Sarkozy affûtait son nouveau projet de loi sur l'immigration devant les députés, Nicolas Klotz (la Nuit sacrée, Paria, Brad Melhdau...) tournait avec un casting de sans-papiers africains et chinois son nouveau long métrage, La nuit est-elle plus noire là-bas ?, mettant en scène les terribles difficultés, les humiliations et les coups reçus dès l'aéroport par les nouveaux immigrés, demandeurs d'asile fouillés à nu en guise de comité d'accueil avant retour à l'envoyeur manu militari. Un sujet sensible en France, pays des droits de l'homme, et qui fâche puisqu'il consiste à poser le regard sur une zone aveugle, cette zone d'attente des aéroports parisiens où sont parqués les voyageurs étrangers frappés du fatidique «refus d'admission sur le territoire», et qui est systématiquement dérobée au regard des citoyens. Une forclusion d'autant plus curieuse évidemment que tous les documents émanant de ce sas migratoire ultrafiltrant portent la mention «Au nom du peuple français...».
Le scénario a été écrit par la compagne du cinéaste, Elisabeth Perceval, qui avait déjà signé celui de Paria, le précédent film de Klotz en 2000, sur les SDF. A l'époque, on avait compris le pourquoi de la droiture politique de Paria, son absence de pathos et d'idéologie «belle âme», en découvrant la passion commune du couple pour le théâtre (Elisabeth Perceval est aussi comédienne), en particulier pour Bernard-Marie Koltès qu'ils ont monté deux fois ensemble (Roberto Zucco et Quai Ouest).