En Allemagne, Good Bye Lenin ! a suscité une vague d'ostalgie, la nostalgie de la RDA. Depuis la chute du Mur, en 1989, aucun film sur le sujet n'avait encore réussi à faire l'unanimité à l'Est comme à l'Ouest. Réalisateur du film, Wolfgang Becker, un «Wessie» de 49 ans, raconte.
Vous n'avez pas vécu en RDA ; comment avez-vous réussi à reconstituer cet univers ?
La RDA ne m'était pas totalement étrangère parce que je vis à Berlin depuis 1974. Quand j'étais étudiant, j'allais souvent à Berlin-Est parce que les livres y étaient moins chers. Mais, en tant qu'Allemand de l'Ouest, je ne connaissais pas les rituels de l'entrée au cours préparatoire ou des jeunes Pionniers. Chaque semaine, pour Good Bye Lenin !, je suis allé discuter avec des Allemands de l'Est dans un café de Prenzlauerberg (Berlin-Est). C'est là que je me suis aperçu que le prototype de l'Allemand de l'Est n'existe pas. Il y avait vingt personnes, et vingt biographies différentes. Il y avait ceux qui avaient l'impression de vivre en prison, et ceux qui se sont accommodés de la situation et ont plutôt bien vécu. L'essentiel pour l'histoire était de ne pas commettre d'erreur dans les détails. Sinon, on aurait dit «ah, c'est un film de Wessie».
Vous étiez-vous fixé comme mission de faire tomber le Mur dans la tête des Allemands ?
Sûrement pas. Je n'ai pas voulu faire un film sur les relations Est-Ouest. J'ai simplement voulu raconter, sur un ton ironique, les sentiments d'une mère et de son fils au moment de la chute du Mur. Si les Allemands se comprennent mieux après ce film, tant mieux. Mais je revendique ma subjectivité. Je n'ai pas fait un documentaire mais une tragi-comédie.
Depuis la sortie de votre film, des produits comme les cornichons de la Spreewald sont redevenus à la mode, la télévision fait des shows RDA... Etes-vous le père de l'ostalgie ?
Cela m