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Libération
Interview

«J'avais quand même du stress»

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publié le 17 septembre 2003 à 1h01

Parmi les actrices françaises, Esther Gorintin est l'une des principales révélations des cinq dernières années. Avant ce rôle d'Eka pour Julie Bertuccelli, elle a tourné avec Emmanuel Finkiel, Mathieu Amalric, Delphine Gleize ou encore Marie Vermillard, en tout une dizaine de films. Esther Gorintin, 89 ans, juive polonaise, reçoit à la Brioche dorée, rue de Rivoli.

Votre première fois devant la caméra?

C'était pour les essais, avant Voyages et le rôle de Vera, en 1998. J'étais très émotionnée. La manière dont je suis venue au cinéma n'a cessé de m'étonner. Je n'étais pas une actrice, même si au lycée, en Pologne, j'étais ballerine. Je n'ai pas pris la chose au sérieux, tout d'abord, je n'avais jamais imaginé devenir actrice. Et puis je me suis dit: «A mon âge, qu'est-ce que je risque?»

Que faisiez-vous avant?

C'est une longue histoire de 85 ans ! Je suis juive de Pologne, où j'ai vécu jusqu'à vingt ans. A la fin des années 30, je suis venue en France, à Bordeaux, pour faire l'école dentaire, et rejoindre mon frère qui y vivait déjà: il était chimiste et travaillait dans la vinification. A Bordeaux, j'ai rencontré mon mari, lui aussi juif, Polonais et apprenti dentiste. La guerre nous a surpris à Bordeaux. Ce fut notre chance: nous sommes restés en vie. Mais Bordeaux était une ville dangereuse pendant la guerre, c'était un port, avec beaucoup d'étrangers, il y avait des rafles. Mon mari s'est engagé comme volontaire dans l'armée française, il a été fait prisonnier de guerre en Al