Chaque année, le Festival de Saint-Sébastien nous régale d'hommages aux génies oubliés. C'est une spécialité locale, au même titre que les cèpes grillés ou les calamars à l'encre. C'est ainsi que les années précédentes, nous avons pu nous émerveiller devant une cinquantaine de William Wellman, des Mikio Naruse ou des perles signées Gregory La Cava ou Mitchell Leisen. Le héros de la rétrospective 2003, Preston Sturges (1), ne dépare pas cette liste. D'autant que, depuis l'hommage qui lui a été consacré à Locarno en 1989, on ne peut pas dire que nous ayons été submergés par les oeuvres de ce précurseur de Frank Tashlin et de Jerry Lewis, réalisateur entre autres de Lady Eve, des Voyages de Sullivan et autre Palm Beach Story. Ce peu de présence, et le faible nombre d'études consacrées à celui qui accéléra la comédie américaine en la faisant entrer en collision avec le burlesque, a même de quoi étonner. En France, par exemple, seul Marc Cerisuelo a, l'an dernier, essayé de revenir sur cet oubli «abyssal et injuste» (2). Il a poursuivi l'élan donné juste après la Seconde Guerre mondiale par André Bazin (3), qui écrivait dans l'Ecran français : «Chaque film nous apporte la confirmation du talent et de l'originalité de Preston Sturges dans la production américaine depuis 1940.»
Edmund Preston Biden est né en août 1898 dans l'Illinois, d'une femme de grand caractère, Mary Dempsey alias Mary Desti, et d'Edmund Biden qui n'a laissé aucun souvenir, même à Preston. Mary quitte d'ailleurs