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Critique

Quand Hitler s'esquissait

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«Max» imagine le Führer dans ses années de peintraillon.
publié le 17 septembre 2003 à 1h02

Soit, d'une part, Adolf Hitler, monstre historique (1889-1945) à la carrière connue, généralement défini par les dictionnaires comme «homme d'Etat». Et, d'autre part, Max Rothmann, personnage de fiction incarnant, au sortir du premier conflit mondial, un fleuron de la bourgeoisie allemande éclairée : jeune, beau, intelligent, riche, généreux, épris de modernisme. Mutilé de guerre. Et juif.

Munich, 1918. Le film de Menno Meyjes s'orchestre autour de la rencontre, à Munich, en 1918, de ces deux caractères que tout oppose. Rencontre imaginaire, donc, que le scénario justifie par une commune (quoique très différente) sensibilité artistique : l'un cherche à vendre ses aquarelles pour vivre, l'autre, peintre aussi, mais privé de sa main droite, s'est fait galeriste.

«Si vous voulez comprendre Hitler, vous devez réaliser qu'il était d'abord artiste», affirmait Albert Speer, architecte officiel du nazisme. Menno Meyjes le prend au mot. Hitler, peintre ordinaire, même sur le plan académique (recalé deux fois aux beaux-arts de Vienne), a subsisté chichement, au long des années 1908-1914, en vendant des dessins ou des cartes postales. A l'heure du Traité de Versailles, de retour à Munich, dans l'Allemagne humiliée, c'est un soldat traîne-misère parmi d'autres, trimballant son carton à dessins dans les rues pour tâcher d'améliorer l'ordinaire. Cette silhouette étriquée navigue à des années-lumière des cercles artistiques d'avant-garde, dont il vomit d'ailleurs l'esthétique et qu'anime Max