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Libération
Critique

Trois femmes et un défunt

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«Depuis qu'Otar est parti...», chronique douce-amère entre la Géorgie et Paris.
publié le 17 septembre 2003 à 1h01

Trois femmes et un absent, trois femmes vivant pour un mort. Otar est parti pour Paris, quittant son pays, la Géorgie, et son boulot de toubib, pour travailler dans le bâtiment et se faire un peu d'argent. Les trois femmes qu'il laisse sont sa mère Eka, sa soeur Marina, et sa nièce Ada, qui vivent ensemble dans un grand appartement décati de Tbilissi, ville elle-même aussi séduisante que mal en point. Trois générations qui tentent de partager une vie commune et, de loin en loin, un lien avec leur fils-frère-oncle.

Lâcheté. Quand elles apprennent la mort d'Otar, au premier tiers du film, dégringolé au bas d'un échafaudage parisien, les deux plus jeunes décident de construire un pieux mensonge pour éviter à la plus vieille un choc qui pourrait trop l'atteindre. Prises au piège de leur lâcheté, elles inventent des prétextes de plus en plus compliqués et des explications élaborées aux silences pesants d'Otar, devenu le muet de la grande ville occidentale. Jusqu'au jour où elles sont contraintes d'accepter un voyage ensemble vers Paris, et partent à la recherche de l'absent insupportable.

C'est la deuxième fois en deux semaines, après Good Bye Lenin !, qu'un ex-pays de l'Est raconte sa vie présente en passant par le mensonge «collectif», du moins «familial». Plus qu'un signe, c'est une tendance : la RDA comme la République populaire de Géorgie, membre de la défunte URSS, n'ont pu vivre que dans leurs propres et constants mensonges. Et pas loin de quinze ans plus tard, ceux-ci craqu