Sacré Jean-Pierre Jeunet ! Quelle mouche a bien pu le piquer ? Plusieurs jours après le visionnage de son nouveau film, on se perd encore en conjectures. L'explication la plus vraisemblable reste néanmoins celle-ci : malgré le colossal succès du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, le cinéaste ne devait pas être pleinement satisfait de la finition. Du coup, histoire de ne pas trop ruminer dans son coin, il a finalement conçu une petite soeur que, par coquetterie ou sens du défi («Ferai-je plus d'entrées cette fois-ci ?»), il a préféré signer d'un nom d'emprunt : Yann Samuell.
Pour tenter en vain, comme on s'en aperçoit de brouiller les pistes, J.-P. est allé jusqu'à prendre soin de devancer mollement ses détracteurs, ceux qui crieront à la supercherie, en répondant dans le dossier de presse à la question que personne n'avait encore eu le temps de lui poser : «Ne pensez-vous pas que cet univers visuel puisse être rapproché de celui créé par...» Et là, ni une ni deux, le faquin ne se démonte pas : «Je ne peux qu'être flatté d'être comparé à un réalisateur tel que... Toutefois, l'écriture du scénario de Jeux d'enfants est terminée depuis plus de deux ans, avec tous ses effets visuels, son univers graphique et son story-board dessinés...»
Quel farceur ! Parce que, quand même, pousser le bouchon aussi loin : voix off, renvoi ironico-cruel à l'univers faussement candide de l'enfance, cadrages, mouvements de caméra, pseudo esthétique popu (papier peint, jardinet...), cocasserie humo