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«A Fårö, j'ai une pièce où je rassemble n'importe quoi...»

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Comment Ingmar Bergman a réuni puis légué ses archives à l'Institut du film suédois de Stockholm.
publié le 24 septembre 2003 à 1h06

Stockholm de notre correspondant

Après avoir traversé un couloir glauque et étroit du troisième sous-sol de l'Institut du film suédois (SFI) à Stockholm, Margareta Nordström ouvre une porte métallique rouge fermée à clef et rentre dans une petite pièce. Elle montre trois armoires mobiles sur la droite. «C'est là que sont les archives de Bergman.» On sent que l'instant est solennel. Depuis un an et demi, cette ancienne retraitée rappelée pour l'occasion à son devoir de documentaliste, travaille à mettre de l'ordre dans ces trésors dont une petite partie fait actuellement l'objet de l'exposition Avant qu'Ingmar ne devienne Bergman à Paris. Des cinéphiles du monde entier seraient prêts à tout pour les approcher, les toucher. Anonymes à souhait, des dizaines de boîtes d'archives sont alignées, numérotées. Il y a aussi des cartons de différentes tailles. Des livres et des albums sont entassés, sans ordre apparent.

«J'ai toujours eu peur.» Les premiers remontent à 1938, à l'époque où Bergman n'était qu'écriture. Il y a notamment une cinquantaine de cahiers de travail à spirale qui couvrent des décennies de création. Peu de ratures, comme si Bergman n'écrivait que d'une traite. Souvent, sur la page cartonnée de dos, on voit qu'il a furieusement essayé de faire marcher son stylo-bille. Margareta sort le premier cahier de Trollösa. Il démarre sur la première page, le 14 mai 1997. «Sur la peur.» Puis Bergman attaque : «J'ai toujours eu peur. Je pense que je suis né avec la peur.» Dans l