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Libération
Critique

Canada dry

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«Les Invasions barbares», sympa sans plus.
publié le 24 septembre 2003 à 1h07

Voici donc la suite du Déclin de l'empire américain, un film québécois de 1987 que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître mais qui fit grand bruit au siècle dernier. Foultitude de prix et millions de spectateurs. Le Déclin..., comédie jasée avec l'accent de la Belle Province, exaltait les frasques sexuelles et l'autodérision cynique d'une bande de quadras dans laquelle une bonne partie de la gauche se reconnut.

Devenu sexagénaire, comme ses héros et ses comédiens, Arcand les réunit à nouveau. Cette fois, autour du lit de mort de Rémy (Rémy Girard), le plus vertement gaillard d'entre eux, atteint d'un cancer incurable. Ce résumé peut paraître moyennement égayant, mais Arcand, fidèle au registre déluré, accorde à ses héros une truculente santé (intellectuelle) qui n'abdique ni devant les ans ni devant l'échéance finale. Ceux qui ne connaissent pas le Déclin auront donc l'humour des deux films en un seul, et les autres s'y retrouveront.

Tout est balisé, mais notons que les Invasions barbares livrent quelques surprises. La première concerne le paradoxe du prix d'interprétation féminine attribué à Cannes à la jolie Marie-Josée Croze. Non qu'elle ne soit très bien, mais son rôle n'est pas à la dimension de cette consécration. La deuxième, c'est la vision apocalyptique du système hospitalier canadien. La faute à «la nationalisation : je l'ai votée, j'en assumerai les conséquences», fulmine Rémy dans un film dont les protagonistes brocardent à qui mieux mieux «tous les "ismes