Sous son titre claironnant comme un refrain de noces et banquets, le premier long-métrage de Siegrid Alnoy est un film de solitude et d'étrangeté. Un film construit autour de la figure d'une femme incarnée par une actrice à la présence lunaire : Sasha Andres. Cheveux bruns, yeux bleus, elle se fond dans l'anonymat social : une employée intérimaire, lisse, banale. Son nom, Christine Blanc, paraît prédestiné, voué à être oublié, confondu avec n'importe quel autre dans la bouche d'employeurs ou de collègues pour qui elle n'est qu'un objet fugace et interchangeable du décor de travail. Ce n'est pas la misère matérielle, mais une marginalité non moins radicale.
Ni contrat, ni pouvoir, ni alliance : le no man's land de la vie contemporaine, dans un paysage de banlieue moderne, aux espaces vides et angulaires seulement animés, le soir, par la palpitation des néons publicitaires. Christine, le nez sur la vitre, mime tous les rituels de l'intégration sociale, comme autant de certificats de conformité susceptibles de lui ouvrir la traversée du miroir.
Imposture. Ponctuelle au travail, elle fait croire qu'elle a un petit ami, prend des leçons de conduite automobile, habite un appartement impersonnel, dialogue avec des phrases empruntées à d'autres, sur un ton calme assorti à la couleur de ses yeux. Elle en fait trop pour que ne perce pas, de près, une note alarmante, stridence... qui explosera : elle tue.
La transgression accomplie, elle trouve un travail, un mec, des amis. Tous les éléme