Tous l'appellent Flo... Il est sympa, suractif, hyperadapté aux réalités de l'après-communisme. Vidéaste et entrepreneur privé fou d'astrologie, Florian est un «nouveau roumain», comme il y a les «nouveaux russes», un bobo de l'ex-bloc socialiste qui s'habille à l'occidentale, roule dans une voiture jaune fluo et prend des poses d'intellectuel branché.
Tyran refoulé. Son fils, technicien en informatique, a épousé la fille de son voisin Niki, un colonel en retraite et un brave homme bas de plafond. Mais le monstre n'est cette fois pas celui qu'on croit.
Florian est un tyran refoulé, un petit Ceausescu domestique qui, peu à peu, va déposséder l'ex-colonel de ses maigres biens, de l'enterrement de son fils, de l'affection de sa fille, de ses souvenirs et de sa dignité, jusqu'à le pousser au meurtre. «Le comportement de Flo est l'expression d'une mentalité archaïque patriarcale et despotique qui renvoie à des moeurs séculaires», souligne Lucian Pintilié, cinéaste roumain, qui, rare parmi ses pairs des anciens pays du glacis, continue de raconter film après film les tourments d'une société plongée dans une interminable transition vers l'Europe et l'économie de marché.
Depuis le Chêne (sorti en 1992), road-movie parodique, désespéré et follement drolatique, de la Roumanie de l'époque Ceausescu, jusqu'à l'Après-Midi d'un tortionnaire (2002), sur l'impossible travail de mémoire, le cinéaste a continué à affronter les fantômes d'un passé qui ne passe pas, et à porter le fer dans la plai