Sur l'écran, des lignes géométriques dessinent une croix. Un balai électronique grave un encéphalogramme plat. Le plus troublant est le vrombissement qui vrille l'oreille. On sent la santé mentale de la voisine vaciller à chaque seconde. Des colonnes de chiffres défilent, ultime langage planétaire, tandis que les murs du théâtre vibrent sous les grondements. Formula de Ryoji Ikeda est sans doute la plus extrême des tentatives visant à réunir la scène et l'image. Un néo-spectacle total, aussi compact que magistral.
Mauvais goût. Mais la scène, justement, est-elle rétive à l'image ? Durant deux semaines, via une vingtaine de projets initiés au Portugal, en Allemagne, en Belgique, en France ou en Italie, la Ferme du Buisson et Arte présentent d'insolites recherches, à mi-chemin entre le théâtre, la danse, le cinéma et la vidéo. Des chantiers plus que des propositions achevées, à l'instar du couple Pedro Costa-João Fiadeiro qui, le temps de vingt minutes, s'essaie à l'immobilisme détaché, avant de frôler le lynchage public.
Sur le plateau, deux écrans blancs dessinent un angle droit. Une chambre d'hôtel apparaît, condensé de mauvais goût : descente de lit à rayures, guéridons fanés et mobilier sans âge. Du bord de la fenêtre, un rideau opalescent soufflé par le vent vient grignoter l'image. Un homme reste immobile et regarde cette lueur. Le plan fixe s'arrête, un autre survient : l'homme est cette fois contre le mur et Billie Holiday résonne dans le théâtre. Puis les lumières de s