Menu
Libération

Lelouch en miroir

Article réservé aux abonnés
publié le 24 septembre 2003 à 1h06

On fête tout et n'importe quoi, désormais, alors pourquoi pas la «200e» émission de Michel Drucker, Vivement dimanche. A cette occasion, l'animateur a déclaré au Journal du dimanche : «Ma vie ressemble à un film de Claude Lelouch» (1) et cette phrase, dite peut-être futilement, nous fait rire autant qu'elle nous tourmente. Mais surtout elle nous arrête : qu'est-ce que Michel Drucker a voulu dire ; à quoi ressemble une vie qui ressemble à un film de Lelouch ?

A une vie mal filmée, d'abord, dont le personnage principal est toujours trop éclairé, surexposé au centre de la scène, avec des mouvements de caméra giratoires incessants autour de lui. Dans ce sens, l'analogie n'est pas fausse. Tout comme est convaincante la ressemblance entre la manière lelouchienne de concevoir le cinéma et l'idée druckerienne de la télé. Dans les deux cas : un truc sympa pratiqué avec des potes. A bien y regarder, d'ailleurs, les génériques de Lelouch ont un côté Champs-Elysées, c'est l'exact équivalent cinématographique de la fameuse ronde de limousines véhiculant les copains.

En élisant Lelouch comme miroir de sa vie, Drucker fait aussi le choix d'un cinéaste plus vu à la télé qu'au cinéma, ce qui ne saurait être un hasard. De surcroît, il y a fort à parier que les gens dont le cinéaste de référence est Lelouch n'y vont plus trop, au cinéma. Leurs valeurs sont figées sur un paysage ancien qu'ils ne fréquentent plus, ils préfèrent la télé. Et particulièrement celle de Drucker, suppose-t-on.

Par un has