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Libération
Interview

La Chine en terril

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Souterrain et clandestin, «Blind Shaft» de Li Yang.
publié le 1er octobre 2003 à 1h12

Tourné en cachette, souterrain au propre comme au figuré (l'action a pour décor les mines illégales qui fleurissent partout en Chine), calamiteux sinon déviant aux yeux des autorités chinoises si jamais telle bravade leur tombait sous les yeux, Blind Shaft est, littéralement, l'anti-Hero. Autant l'opus propaganda de Zhang Yimou (sorti sur les écrans français mercredi dernier) faisait l'éloge, toute échine courbée, de la raison d'Etat, autant Blind Shaft, premier long-métrage de Li Yang, est dissident par nature : la chronique qu'il tient est celle des démerdes serpentines. Démerdes des pouil leux face à un carcan étatique qui les manipule et qui n'envisagent de survie qu'au travers de combines minables, sans la moindre moralité (il s'agit de tuer un des siens pour toucher une prime aux familles) mais dont le pied de nez a une saveur d'antidote, qui nous soulage. Résumons : deux cloches crasseuses vont de mine de charbon en mine de charbon à la recherche du premier naïf venu qui tombera en amitié pour eux. Quand la confiance s'installera, ils isoleront le candide, l'assassineront, le dévaliseront, feront croire à un accident d'éboulement, et simulant chagrin et colère, toucheront de l'argent pour accepter de ne pas dénoncer l'existence de la mine.

Mais cela n'est encore qu'un canevas. A l'intérieur duquel Li Yang tire une autre photographie, celle d'une population qui habite les marchés des villes moyennes et qui, dans l'alcôve de ses bars clandestins, sait que la ritournelle