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Critique

Gérard Philipe, amour, gloire et beauté

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Affiches, photos, lettres, conversations: à la BNF, une expo restitue le rayonnement du comédien mort en 1959.
publié le 8 octobre 2003 à 1h18

Il appelait sa mère «Minou». Lui disait-elle, en grattant son fils derrière l'oreille : «mon petit chat» ? Gérard Philipe était-il un animal domestique, voire un minet, ou un félin nettement plus griffu sous le ronron des apparences ? La sympathique exposition de la Bibliothèque nationale de France permet de baguenauder dans cette intrigue.

Beaucoup de photographies, énormément de portraits, encore plus de documents manuscrits, dactylographiés ou imprimés. Le tout sous vitrines ou sous-verre, à l'ancienne. Des origines (l'enfant naît à Cannes le 4 décembre 1922) jusqu'au bout du chemin (l'homme jeune meurt le 25 novembre 1959 d'un cancer du foie). La dernière photo sera celle de sa femme, Anne Philipe, prise le 28 novembre 1959 au cimetière de Ramatuelle. Debout, face à la fosse béante, petite Electre en manteau blanc. Entre temps, on aura tout vu : le paradis d'une enfance riche et protégée, la félicité d'une adolescence radieuse, la joie des premiers rôles, les grands feux de la gloire sur grand écran, l'empyrée du Théâtre national populaire (TNP). Une enquête sur le bonheur, dirait-on, un reportage sur la beauté.

L'amant idéal. Car le cliché est vrai : de ses débuts à sa fin, Gérard Philipe fut beau, suprêmement beau. Ses yeux si clairs, ses cheveux parfaitement noirs, sa bouche à embrasser, sa minceur sans maigreur, tout va, y compris l'étrangeté de sa diction et l'incertitude de ses rôles (lire ci-contre), ou le léger défaut de ses oreilles décollées dont l'imperfection,