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Libération

Haro sur von Trotta

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publié le 8 octobre 2003 à 1h18

Récompensé à Venise par un prix d'interprétation féminine, Rosenstrasse, le nouveau film de Margarethe von Trotta, est vivement critiqué par les historiens allemands. Passionnée d'histoire, la réalisatrice de Rosa Luxemburg voulait depuis des années rendre hommage aux femmes allemandes qui se sont battues pour extraire leurs maris juifs des griffes nazies. Pendant plusieurs jours, ces Allemandes ont battu le pavé devant la Rosenstrasse (dans le quartier de Mitte à Berlin) où leurs époux étaient enfermés dans les geôles nationales-socialistes, et ont fini par avoir gain de cause. Une belle histoire, avec tout ce qu'il faut de pathos et de nazis pour espérer une sélection aux Oscars. Et dans le rôle de la courageuse pianiste Lena Fischer, l'actrice Katja Riemann est parfaite.

Or, dans un article au vitriol publié le 18 septembre par le quotidien Die Süddeutschezeitung, l'historien allemand Wolfgang Benz reproche à la réalisatrice d'avoir sciemment violé l'histoire pour la rendre plus dramatique. «Les hommes qui étaient internés dans le bâtiment de la Rosenstrasse n'étaient pas destinés aux camps de concentration, explique le directeur du Centre de recherche contre l'antisémitisme de Berlin. Ils étaient retenus en vue d'être échangés contre d'autres prisonniers.»

L'historien juge aussi totalement absurde la scène où Lena Fischer s'offre à Goebbels comme prix de la libération de son mari. Goebbels n'ayant pas été mêlé à cette histoire, il ne sert à l'évidence qu'à rendre Rosenstra