Dès le générique, où duettisent Patrick Bruel et Johnny Hallyday pour une version «Pacs» de Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?, le Divorce est un bon moyen de se renseigner sur un certain état du kitsch français sous l'oeil américain. Adaptant un roman de Diane Johnson (écrivain avec qui Kubrick travailla pour Shining), ce vingt-cinquième long-métrage de James Ivory se situe pour l'essentiel à Paris et tente de capter l'esprit français comme un subtil éther nimbant chaque geste, phrase ou civet de lapin.
Roxanne Walker (Naomi Watts) est subitement quittée par son mari, Charles-Henri de Persand (Melvil Poupaud). Rejointe par sa soeur Isabel (Kate Hudson), elle entame une procédure de divorce où la question du partage des biens achoppe sur la propriété d'un tableau probablement signé de Georges de la Tour. Cette trame est prétexte à toutes sortes de péripéties où le goût français pour les aventures extra-conjugales (et la lingerie fine qui va avec), la haute gastronomie et les vins, les sacs Kelly de chez Hermès ou le rationalisme sont célébrés dans un déluge de décos et accessoires ultrabourges un peu invraisemblable.
Le rapport de fascination et de critique qu'a toujours entretenu Ivory avec les sphères les plus nanties de la société devient ici indémêlable, notamment quand il s'agit de dépeindre la famille Persand, archétypes de grands bourgeois provinciaux, et la figure d'un politicien, Edgard Cosset (Thierry Lhermitte), réac' en public mais mari infidèle en privé. D