Damien Odoul s'est fait remarquer en 2000 avec un film noir et blanc, le Souffle, l'après-midi de cuite à la campagne d'un jeune mec entouré d'une confrérie de soiffards rougeauds. Traversé de visions oniriques, le Souffle était un film assez bluffant réalisé avec des acteurs non-professionnels. Avec le temps, il est difficile de ne pas se souvenir du film comme possiblement piégé, d'une virtuosité peut-être factice. Ce second long métrage, Errance, précédé de rumeurs alarmistes que devait encore amplifier son recalage par les sélectionneurs cannois, pouvait a priori faire peur, avec en tête d'affiche l'improbable duo Lætitia Casta/Benoît Magimel.
Casse-gueule. Comme quoi il ne faut jamais parler des films avant de les avoir vus : Errance se révèle un truc vraiment peu banal et, pour le critique chargé de descendre le cambouis dans la soute, la certitude de ne pouvoir remonter sur le pont les mains propres et la face enfarinée. Et si on recommande d'aller le voir, qu'on ne vienne pas nous reprocher d'avoir ruiné une soirée de week-end. Car le truc en question peut passer aux yeux du bon goût (ou du simple bon sens) pour une sorte de catastrophe nucléaire. On vient de plus d'apprendre qu'Odoul s'est enfermé dans un château avec Pierre Richard et Anna Mouglalis pour tourner le Déluge. Et il cite Hölderlin et Nietzsche. On peut ouvrir les paris sur la distance de plus en plus infime qui le sépare de la camisole de force.
N'empêche, Errance est un film qui ne cesse de dessiner ent