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Libération

«Veronica Guerin», «Hôtesse à tout prix».

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par BAYON
publié le 8 octobre 2003 à 1h18

«Cunt» ne veut pas dire «sale pute», comme le voudrait le sous-titrage poétique, mais «connasse», ainsi qu'un baron de la schnouffe irlandais amateur de «cheval» l'envoie dire à l'héroïne entre deux coups de pied dans la figure. La sincérité oblige à dire que cette avoinée est un rare moment sauvable du navet médiatique Veronica Guerin.

«Gardez-moi de mes ennemis, mes amis je m'en charge» : la formule vaut pour cet éloge dégradant du journalisme «d'investigation» à travers une star reporter filmée comme tendancieuse jusqu'au désaxé, donneuse de leçons et donneuse tout court, jonglant entre flicage, chantage et pots-de-vin.

Obscène de populisme (ruelles et taudis jonchés de seringues dont les bébés s'amusent), Veronica Guerin est en fait une défense et illustration du bidonnage, célébré d'emblée par la clause de style de la menterie grand écran : «D'après une histoire vraie».

Cate Blanchett le rôle-titre, qui eût pu servir de bouée de sauvetage, ne fait pas une affaire avec ce film faussement engagé, ni l'inverse. Surjouant la mère courage qu'on n'a pas sonnée avec accent gaélique sonnant faux, elle décroche, en collusion avec l'ensemble de la réalisation, quelques belles timbales du ridicule achevé dans les scènes domestiques, notamment en footballeuse à maillot rouge. Paix à la vraie Veronica Guerin.

Gwyneth Paltrow n'est pas si déplaisante non plus, a priori ; ce qui n'empêche qu'elle n'horrifie bientôt, hérissant le poil avec les siens sur sa tête grimée travelo, à chaque app