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Libération
Critique

Balasko bien sombre

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Impeccable naufragée dans «Cette Femme-là» de Nicloux.
publié le 15 octobre 2003 à 1h23

Fatalement, on va nous faire le coup fastidieux du premier-grand-rôle-dramatique-après-tant-d'années-sacrifiées-à-la-gaudriole. Syndrome Galabru-Coluche ­ Tchao l'assassin. Sauf que pareil chantage à la crédibilité artistique possède ici certains arguments. Car quiconque limite Josiane Balasko à des rires plus ou moins fous ou jaunes fera bien de se remémorer que, juste avant les Bronzés fondateurs, l'actrice émargeait au générique du Locataire de Polanski.

Mais, un quart de siècle plus tard, Balasko est devenue une valeur refuge de la comédie tricolore (Nuit d'ivresse, Gazon maudit, les Keufs...), pas toujours subtile. Or la voici transfigurée dans un polar atone et glacial qu'elle porte à bout de bras. Peu convaincant jusqu'alors (le Poulpe, Une affaire privée), Guillaume Nicloux ­ ci-devant réalisateur, scénariste et dialoguiste ­ tient là un pertinent portrait de femme au bout du rouleau. Un corps trop lourd, qui peut encore séduire mais peine à courser un suspect ; des souvenirs en forme de cicatrices autour d'une vie de famille saccagée (enfant mort, conjoint parti) ; des cauchemars récurrents qui, avant qu'ils ne tournent au procédé, finissent d'instiller un malaise à deux doigts de l'effroi. Surmontant une BO en forme de calque lynchien (simili Badalamenti et vieux airs yankees de The Gaylords ou The Crew Cuts), Cette Femme-là mérite globalement qu'on la regarde, désormais engluée dans la solitude et les remords, naufragée au milieu des cadavres qui forment son quotid