Trois silhouettes d'hommes, noires, reflétées dans l'eau d'une rivière. Trois silhouettes tête en bas, bras ballants, jambes comme un peu vacillantes dans le friselis du courant. On pourrait dire paradoxalement que l'affiche du film de Clint Eastwood, en son clair-obscur, annonce la couleur : en blanc sur noir ressort le titre Mystic River ; et en blanc sur bleu en petites pattes de mouche une phrase résume : «On enterre nos péchés, on ne les efface pas.» Une phrase écrite à la main. Et si le 25e film du réalisateur d'Impitoyable et de l'Homme des hautes plaines avait quelque chose d'un long métrage cousu main...
Un viol. C'est à quatre mains que le cinéaste et le scénariste Brian Helgeland ont adapté ce roman de Dennis Lehane où, dans le vieux Boston anciennement irlandais, on voit d'abord trois gamins jouant sur le bitume une partie de hockey. Au temps des années 70, dans une rue désertée, une dalle du trottoir venant d'être rebétonnée, voilà les trois d'inscrire dans le ciment frais leurs prénoms, se rêvant de la sorte une postérité. Ils s'appellent Jimmy, Sean, mais le nom du troisième, Dave, ne restera qu'à moitié tracé car d'une voiture ont surgi deux faux flics, qui ont emmené le garçon. Alors, de derrière la vitre arrière, le regard du captif vers les deux autres, restés pantois. Et gros plan sur la pogne d'un des pédophiles kidnappeurs : main ornée d'une chevalière avec ecclésiastique motif de croix. Puis vision du petit violé s'échappant au bout de trois jours. Tr