Au milieu du film, dans un restaurant de centre commercial, il y a une scène où l'héroïne doit faire face à une crise de jalousie de son mari. Normalement, la situation possède une teneur humoristique. De même, à un autre moment, Jean-Louis Trintignant se fend d'une réplique à propos d'une voiture qui, depuis le tournage, a pris toute sa démesure : «C'est comme quand on perd quelqu'un de très cher et qu'on ne réalise pas tout de suite.»
Toute la problématique est là : aujourd'hui, comment j(a)uger Janis et John, alors qu'entre le moment où ce film a été fabriqué, dans une ambiance qu'on devine cordiale, et celui où il sort sur les écrans (la date a été maintenue «conformément au souhait des proches»), est survenu un des faits divers les plus lourdement médiatisés en France ces dernières années, déchaînant un flot de réactions et de commentaires insensés ? Un drame ayant coûté la vie à l'actrice principale qui, dans ce rôle voué à devenir son ultime apparition sur un écran de cinéma, est par ailleurs entourée de son mari et père d'un de ses garçons, qu'elle venait de quitter, Samuel Benchetrit, réalisateur et coscénariste, de son ex-compagnon et père d'un autre fils, François Cluzet, et de ce père avec lequel elle entretenait une relation si fusionnelle, Jean-Louis Trintignant.
Or nous voici le 15 octobre avec le pire des postulats scénaristiques, une farce, dans laquelle Marie Trintignant papillonne en néo-Janis Joplin de banlieue. Embringuée par un mari escroc à la petite