Eric Rondepierre, longtemps comédien et danseur, devient artiste au début des années 90. Et tout de suite, il imagine des séries de photographies sur le cinéma, comme s'il voulait fondre dans ces deux médias ses désirs exclusifs de contrebandier d'images. Sur ce travail très intrigant, objet de deux livres et de deux expositions à Paris, Eric Rondepierre, 53 ans, fait le point. Il reçoit dans son atelier parisien perché sous les toits, le magnétoscope branché, prêt à faire des démonstrations sur le vif, avec, signe particulier, un regard océanique d'un bleu pacifique.
En 1989, vous commencez à prendre des photographies noires, avec juste un sous-titre constitué parfois d'un seul mot. C'est un drôle de début.
Ce sont des années où je suis littéralement dans le noir, je broie du noir. A l'époque, je vis avec une télévision, un magnétoscope et des piles de cassettes de films. Et quand je regarde ces films, je vois parfois des images totalement noires, qui peuvent durer un huitième ou un douzième de seconde. Comme dans ce film d'Antonioni, Chronique d'un amour, où il y a huit images noires, avec ce sous-titre «Quoi ?». Renseignements pris, ces images noires seraient en fait des images ajoutées et mises à la place d'images abîmées. J'ai appelé cette série Excédents, car ce sont des suppléments, des éléments périphériques par rapport à ce qu'on imagine du cinéma. C'est aussi une façon de prendre le cinéma à rebrousse-poil.
Vous intervenez ?
Non, je ne fais que prélever et déplacer. To