D'égérie de Manoel de Oliveira, Leonor Silveira est devenue la madone sereine et généreuse des films du maître portugais. Soixante années les séparent, mais on a rarement connu relation artistique plus étroite : en seize ans, ils ont tourné quatorze films ensemble. Sur cette complicité et cet indéfectible lien, la comédienne, 33 ans dans quelques jours, s'explique.
Quatorze films avec Manoel de Oliveira : pas de lassitude ?
Ces quatorze films font qu'aujourd'hui l'univers cinématographique du maître trouve sa place dans ma vie, non seulement comme une expérience artistique mais comme si je faisais partie d'une famille.
Comment vous a-t-il découverte ?
J'ai connu Manoel en 1987, lorsque je me suis présentée au casting des Cannibales. Je ne comprenais pas très bien ce qu'il attendait de moi, c'était un projet compliqué pour une actrice, puisque en partie chanté, mais il était d'une délicatesse infinie. Parfois, il peut être beaucoup plus directif, dans la préparation du film ou sur un plateau.
Que vous a-t-il appris ?
Ce que c'est d'être devant la caméra, d'être suivie par une caméra, en construisant simultanément le personnage, ses relations avec les autres et avec le texte, l'intrigue, l'espace, les odeurs, le décor, la musique. J'ai appris à être actrice à son côté, respectant toujours son regard et son instinct. La confiance totale est un instrument sans lequel je ne saurais travailler.
Comment travaillez-vous ensemble ?<