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Libération

La fiction se corse

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Avec trois films en cours, c'est enfin le retour en grâce de l'île. Reportage.
publié le 15 octobre 2003 à 1h23

Corse envoyée spéciale

Deux gars au crâne rasé remontent une rue de L'Ile-Rousse en roulant des mécaniques sous la veste bleu de Chine. Une voiture de flics les croise toutes sirènes hurlantes... Un matin comme les autres sur la terre corse ? Les projecteurs et la centaine de badauds qui cernent les lieux sont là pour recadrer les choses : le tournage de l'Enquête corse, réalisé par Alain Berbérian d'après la BD de Pétillon. A quelques portées de calibre, de l'autre côté du cap Corse, ça tourne aussi, dans un cadre plus intime. Au cinquième étage d'un vieil immeuble bastiais, Frédéric Graziani achève le Cadeau d'Elena. Et un peu plus au sud, dans la montagne balanaise, c'est Orso Miret qui réalise le Silence dans son village d'Asco. Trois films en Corse, sur la Corse, simultanément... La fiction rattraperait-elle enfin la réalité insulaire dans une catharsis bienvenue ?

«On n'avait plus vu une telle vague de tournages depuis trente ans, explique Jean-Pierre Mattei, directeur de la Cinémathèque de Corse. Dans les années 20, il y en a eu beaucoup. Dont le Napoléon de Gance... Ça s'est ralenti des années 30 à 60. Après, il y a eu l'OEil du monocle de Georges Lautner, le Jour le plus long de Darryl F. Zanuck... Le dernier étant Rosebud d'Otto Preminger en 1975. Et c'est retombé ensuite...» Situation politique explosive, coût de la vie plus cher, difficultés à trouver la logistique lourde des tournages... Les explications à cette désaffection sont nombreuses.

«Depuis quelque temps,