Chaque nouveau film portant la signature du chef opérateur Vittorio Storaro est un événement. Il a en effet mis en images quelques oeuvres gravées dans la mémoire collective, Apocalypse Now, le Dernier Tango à Paris, 1900, le Conformiste, Reds, le Dernier Empereur... Aujourd'hui, à 63 ans, Storaro tourne Zapata au Mexique, réalisé par Alfonso Arau, tout en finissant de corriger les épreuves du dernier volet de sa trilogie, Scrivere con la luce (Ecrire avec la lumière), édité par Aperture à Londres.
«Alfonso Arau m'a contacté voici six ans déjà pour Zapata. J'ai tout d'abord été surpris qu'il veuille traiter d'un sujet admirablement évoqué par Elia Kazan, avec Marlon Brando et Anthony Quinn (Viva Zapata (1952), ndlr). Et puis j'ai compris. Il voulait montrer Zapata à la mexicaine. Pour les Mexicains, Zapata, c'est un peu le dernier empereur aztèque. A l'époque où j'ai été faire les repérages au Mexique, Vincent Perez était pressenti, il s'agissait d'une grosse production. Et puis le film a traîné, le financement a capoté en partie. Cette fois, Arau m'a appelé à la dernière minute, par superstition, deux semaines avant le début du tournage. La production est mexicaine, plus modeste, et c'est une bonne chose. Nous ne tournons qu'en extérieurs, dans des usines désaffectées. L'atmosphère est celle d'un réalisme un peu fantasmé, magique.»
Au panthéon de ses maîtres, Storaro place sans hésiter Gregg Toland, chef opérateur d'Orson Welles sur Citizen Kane, Raoul Coutard, collaborateur