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Libération

La matrice du film-sphinx

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Des photos, un jeu de cartes... Bonello détaille les influences de «Tiresia».
publié le 15 octobre 2003 à 1h23

Pour parler de «Tiresia» avec Bertrand Bonello, 35 ans, père d'une fillette née dans une clinique à Cannes où son troisième film était présenté en sélection officielle, il fallait moins le soumettre à la question («que voulez-vous dire... ?» «Athée ou mystique ?»...) que lui demander de nous offrir quelques sources d'inspiration, images-matrices, phrases entendues, musiques, l'ayant guidé dans cette relecture du mythe grec. Portrait d'un film-sphinx en sept indices, du subliminal au sublime.

Joel-Peter Witkin

«Une photo très inspirante. Quand j'ai une idée, je ne la cherche pas dans la réalité qui m'entoure mais il m'importe néanmoins qu'elle soit adoubée par cette réalité. Quand je suis tombé sur cette photo, c'était vraiment l'idée exacte de Tiresia. Dans le cliché du trans, la féminité est forcément exacerbée, une femme plus que n'importe quelle autre femme, alors que, là, l'idée d'avoir quelque chose de très simple, une fille très droite, très sûre d'elle, avec de petits seins, la simplicité de sa pose et de la manière dont elle regarde les choses me semblent idéales. Le corps de ma Tiresia n'est pas très loin, je crois : juste une femme à qui l'on a posé une prothèse et que l'on voit de plain-pied, de face, faire sa toilette. Cette photo, j'avoue avoir tenté d'en faire un remake pour l'affiche avec Clara Choveaux (l'actrice brésilienne de la première partie, ndlr) mais la photo ne fonctionnait pas. Comme quoi, on ne s'improvise pas photographe. Imaginez le transsexuel de