Gus Van Sant, 51 ans, était à Paris pour la sortie d’Elephant. Voix calme, grands yeux tristes, faux air d’ado taciturne, le cinéaste explique le virage expérimental de son cinéma après une longue parenthèse hollywoodienne.
Outre la Palme d’or, Elephant a reçu à Cannes le prix de l’Education nationale. Que vous inspire le fait que le film devienne un support pédagogique pour les lycées ?
Je crois que ça fonctionne bien de le montrer dans les lycées, notamment parce qu’il y a des éléments non narratifs avec lesquels les adolescents sont familiers, à cause de leur pratique des jeux vidéo. Je crois que les ados sont à la recherche d’innovations stylistiques. Pour des personnes plus âgées, le film peut paraître dur ou étrange, du moins l’a-t-on senti aux Etats-Unis où le public teenager a été extrêmement réceptif, plus que les adultes. J’ai fait Elephant en essayant de rester le plus spontané possible, sans véritable scénario, en laissant les adolescents s’exprimer, je n’ai pas tellement pensé au public en le faisant. Je crois qu’il vaut mieux ne pas hésiter à se perdre dans la fabrication, ensuite le spectateur se perd avec vous, comme un chanteur, emporté par sa chanson, entraîne le public dans sa rêverie.
Elephant fait-il le procès de la violence comme ce prix peut le laisser entendre ?
Le sujet du film est la violence dans un collège, ses différentes manifestations. Il fonctionne comme un kaléidoscope d’images q