Il n'y a, au fond, rien de plus naturel, de plus rassurant, que ce premier prix de l'Education nationale décerné à Elephant lors du Festival de Cannes. Ce film est une oeuvre d'art et cela, en soi, valide le choix de ces six enseignants, un inspecteur de l'Education nationale, un inspecteur d'académie, une responsable de centre culturel et une inspectrice générale. De cela, ils n'ont ni douté, ni débattu, sauf pour explorer goulûment les plis et les replis du film (1). Le reste fut discuté, et ça ne fait que commencer. Eléments du débat avec les membres du jury.
Une absence de point de vue ?
«Bien sûr que ce n'est pas un film pédagogique ! Ce qui compte, c'est qu'il y a une oeuvre. Ensuite, on fait de la pédagogie sur cette oeuvre» (Christine Juppé-Leblond, inspectrice générale de l'Education nationale, présidente du jury). «Ce film est un objet critique. On n'a pas de prise simple et immédiate. C'est justement pour cela qu'il s'impose : parce qu'il ne donne pas tout» (Daniel Rocchia, professeur de lettres et cinéma au lycée Bristol de Cannes). «Dire qu'il n'y a pas de point de vue dans Elephant, c'est dire que Wiseman n'a pas de point de vue quand il filme des journées entières dans un hôpital psychiatrique. En posant sa caméra dans un lycée, dans l'Amérique post-11 septembre, Gus Van Sant exprime déjà un point de vue» (Marianne Boussard, responsable de la mission Cinéma de l'Espace Magnan, à Nice).
Une apologie de la violence ?
«A aucun moment ! Les choix de mise en scène ne p