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Libération
Critique

Des cartes aux camps catalans

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Dans «No pasaran», Henri-François Imbert exhume le passé par cartes postales interposées.
publié le 29 octobre 2003 à 1h36

Il ne faudrait pas trop perdre de vue que le cinéma a commencé par une carte postale. La «vue» Lumière n'était rien d'autre qu'une lettre de vacances encyclopédique envoyée, depuis l'autre bout du monde, par des explorateurs éclairants que l'on n'appelait pas encore JRI (journaliste reporteur d'ima ges). Les années passant, on s'est mis à parler d'actualités filmées, de reportage, quand, sur la bande-son comme sur la bande-image, une seule chose sautait aux yeux comme aux oreilles : l'actualité parle surtout avec la voix de son maître. Par exemple, si l'on s'en tient aux seules photographies publiées, il n'y a jamais eu de cadavres sous les ruines du World Trade Center. C'est dire si, sur la photo, il y a toujours une image qui manque. Cela pour vous avertir : No pasaran, album souvenir est une histoire de cartes postales, ou plutôt une tentative d'histoire par la carte postale. C'est, de là, un documentaire de cinéma, aujourd'hui.

Fuyant les franquistes. Sans doute, s'il venait à un archiviste zélé l'envie de plonger le nez bouché dans les actualités filmées de l'année 1939, il ne rencontrerait pas foule d'images concernant les camps de concentration que les autorités françaises avaient ouverts pour «accueillir» les réfugiés catalans qui fuyaient l'Espagne franquiste en passant par les plages françaises. Et si tant est que ces actualités existent, on imagine déjà de quel côté du manche elles devaient lourdement pencher. Henri-François Imbert a évité ces films : il a remonté