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Libération
Interview

«Le film n'était pas un ticket de loterie»

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publié le 29 octobre 2003 à 1h36

Blue jean sage, figure juvénile et yeux d'ardoise sous de courts cheveux châtains, Michael Winterbottom garde des allures estudiantines auxquelles on peine à raccorder le collectionneur éclectique de grandes sélections festivalières : sept films à son actif depuis 1995, dont quatre en compétition à Cannes et deux à Berlin, où In This World a remporté cette année l'ours d'or.

Pourquoi avoir choisi la fiction pour ce film plutôt que le documentaire ?

Parce que c'est ce que je sais faire ! De toute façon, tenter de filmer le parcours réel d'émigrés clandestins aurait été impossible : notre présence aurait faussé toutes les situations. Toni Grisoni a élaboré le scénario à partir d'investigations, d'interviews, en recueillant des récits et des anecdotes. Nous avons aussi beaucoup improvisé au fur et à mesure, en fonction des incidents qui survenaient en cours de tournage. Il n'y a pas «un» trajet spécifique de Peshawar vers l'Europe, mais des tas... Quand on a de l'argent on peut même prendre l'avion, passer par la Russie... En revanche, il n'était pas question de prendre des comédiens : tous les protagonistes interprètent un rôle proche de leur situation, aussi bien le couple rencontré à Istanbul que Jamal et Enayatullah, qui sont deux jeunes Pashtouns de Peshawar.

Les téléphones portables dans les camps, l'anglais de Jamal, le visage «féminin» de Téhéran... Les préjugés sont pris à revers.

Ce film m'a été inspiré par le scandale régulier de ces morts d'immigrés, dans des camions, d