Dix ans bien sonnés après le manifeste Femis Oublie-moi qui avait propulsé Noémie Lvovsky grand espoir du cinéma d'auteur à coup de gesticulations nihilistes et d'hystérie en cheveux sur quais de métro , et alors que, déjà, ses opus suivants (La vie ne me fait pas peur ou Petites) laissaient entrevoir un certain assagissement, la réalisatrice des Sentiments réapparaît méconnaissable.
Il est ici difficile de distinguer qui est derrière la caméra : Agnès Jaoui ? Jeanne Labrune ? Le casting est tout à la fois celui du Goût des autres, de C'est le bouquet et de Ça ira mieux demain. Et, au vu de l'humeur du film, façon bon vieux cinoche français d'obédience bourgeoise, la production (à savoir Claude Berri, et Michèle et Laurent Petin) doit espérer réussir le même genre de banco : c'est possible, puisqu'il y a toujours eu un public, mi-figue mi-vermeil, friand de ces petites histoires où sont croquées avec compassion les vilenies du quotidien et l'extraconjugalité des passions.
Ici, un médecin à deux doigts de la retraite (l'âcre Bacri dans son numéro huilé de mauvaise humeur naturelle, à laquelle s'ajoute désormais la naïveté du mec piqué au démon de midi), en pleine extase amoureuse depuis qu'il trompe sa femme (Nathalie Baye, uniquement filmée dans les vapes, tétant la bouteille de Shivas tout du long) avec la jeune épouse (Isabelle Carré, en robe à fleurs ou bien toute nue) du tout aussi jeune généraliste, qui vient lui racheter son cabinet (Melvil Poupaud, qui n'est quasimen