De même que Bye-bye Africa venu du Tchad, le Serviteur de Kali, film en provenance du Kerala, dans le sud de l'Inde, fait figure de héros désarmé osant défier le rouleau compresseur monstrueux Matrix Revolutions, avec un rapport en nombre de copies de 5 contre 850. Présenté dans la section Contre-courant à Venise 2002, ce Serviteur impromptu est le neuvième opus d'Adoor Gopa la krishnan qui tourne depuis 1972 (Monologue, l'Homme servile...).
Romance rompue. Le film se déroule dans la principauté de Travancore, en 1941, et s'intéresse aux déchirements existentiels d'un bourreau, le vieillissant Sukarami, dégoûté par sa fonction après qu'il a compris qu'il avait pendu un innocent. Maintenu avec sa femme et son fils dans une maison hors du village, il est nourri et blanchi par le maharaja, qui, à l'époque, a encore droit de vie et de mort sur ses sujets.
Exécuteur des basses oeuvres d'une législation
profondément injuste, Sukarami représente l'homme privé de sa liberté d'action, pliant sous le joug d'une injonction communautaire et hiérarchique qui est d'autant plus cruelle qu'elle se déleste sur lui du soin de la cruauté elle-même.
Le film d'Adoor Gopa la krishnan, d'une grande élégance visuelle, montre la confrontation du bourreau avec sa culpabilité qu'il noie dans l'alcool, jusqu'à ce que, ultime tour de vis, le prince lui demande de tuer un nouveau condamné. La corde de la potence est tissée illico par les détenus du pénitencier et Sukarami doit se livrer aux rituels de purifi