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Libération
Critique

Les effets troubles du double

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Un cycle sur la gémellité, la mutation, la confusion.
publié le 5 novembre 2003 à 1h42

Machine à dupliquer (la réalité), boîte à malices (le trucage lui est consubstantiel), miroir et transformation (en star ou en monstre), le cinéma, depuis qu'il fut «tograghe» a créé du double. Double, le cinéma l'est dès que son invention se fixe en deux machines complémentaires et rivales: une pour enregistrer, l'autre pour projeter. Avec le public au milieu, comme pris en otage d'une narration et de thèmes eux-mêmes en constants dédoublements: la schizophrénie (gémellité, ressemblance, double, mutation, vie secrète) est l'un des scénarios fétiches du cinéma.

Au Forum des images, l'équipe menée par Laurence Herszberg a pris ce thème à bras-le- corps et réuni, sur deux mois, une centaines de films fêlés, de A comme Affaire Cicéron (de Mankiewicz, avec James Mason en valet espion, donc deux fois duplice: de son maître, l'ambassadeur, de son pays, l'Angleterre, dont il vend les secrets à l'Allemagne) à V comme Volte-Face (de John Woo, avec de constants changements d'identités entre l'agent du FBI Travolta et le terroriste Nicolas Cage, où les visages passent sans cesse d'un corps à l'autre, d'une âme à l'autre).

Thèmes. Cette programmation s'organise autour de semaines thématiques. Le cinéaste et son double (24-28 décembre) qui fouille les mystères des alter-ego ­ Chaplin et Charlot, Monteiro et Jean de Dieu, Tati et Monsieur Hulot, Truffaut et Doinel. Comment un personnage de fiction prend en charge la vie, les angoisses et les ambitions d'un cinéaste qui, bien souvent, est co