1970. J’ai 23 ans et j’arrête mes études. Ou plutôt : on m’a viré de la fac. Ce jour-là, il m’a fallu du courage pour l’annoncer à ma mère. Elle était institutrice, mariée avec un ex-yakuza, et m’a donné une éducation très stricte, très morale. Pour moi, elle ne pensait qu’aux sciences : c’était mon avenir, et il me mènerait tout droit chez Honda. Quand j’ai dit à ma mère que la fac de technologie ne voulait plus de moi, je l’ai vue s’effondrer. Elle est restée très digne, impassible, mais dans son regard j’ai aperçu de la détresse. Moi, je suis sorti marcher, habité par des sentiments mêlés de peur et de liberté : une longue balade à pied de trois heures dans le froid du quartier Sinjuku.
1972. Je rentre comme acteur, sous le surnom de «Beat», au Furansuza, un cabaret plus spécialisé dans le strip-tease que dans le kabuki. En fait, les premières semaines, je suis surtout garçon d’ascenseur. Puis un grand comédien comique, un manzai, Senzaburo Fukami, me prend sous son aile. Je crée bientôt dans ce lieu un duo comique, the Two Beats, avec un ami : je suis Beat Takeshi, il est Beat Kiyoshi, et on fait les marioles. C’est assez grinçant, méchant, parodique, violent, mais ça marche : au milieu des années 70, grand succès et petite part de notoriété.
1976. Grand prix du concours des jeunes comédiens manzais à la NHK, la chaîne de télé la plus populaire du Japon. Je deviens une vedette du petit écran.
1981. Mon premier rôle au cinéma, un flic ringard et r