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Libération

Tribut au «chambara», fleuron japonais

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Avec «Zatoichi», Kitano revisite un genre très codifié, à la fois noble et populaire.
publié le 5 novembre 2003 à 1h43

En s'appropriant le personnage de Zatoichi, Takeshi Kitano ne reprend pas seulement le récit d'une des figures légendaires les plus célèbres au Japon. C'est un genre qu'il revisite à sa façon. Il a dit sa dette à l'égard de Shintaro Katsu, qui interpréta le samouraï aveugle de 1962 à 1989, au cinéma et à la télévision, et lui légua pour ainsi dire son personnage. Mais 1962 est une date dans l'histoire du cinéma japonais, car, cette année-là, l'Histoire de Zatoichi, jouée par Katsu, permet à son réalisateur, le trop méconnu Kenji Misumi, de relancer le genre préféré des spectateurs nippons et l'un des plus nobles du cinéma de l'archipel, le chambara, le «film de sabre».

Interdit après-guerre. Traditionnellement, le cinéma nippon se divise en deux registres, le gendaï-geki, les films contemporains, et le jidaï-geki, les films en costume. Les premiers sont souvent tournés à Tokyo, dans la ville, les seconds à Kyoto, l'ancienne capitale, dans les studios de la Diaei et surtout de la Toei. Longtemps, la Toei de Kyoto fut la capitale du cinéma japonais, et le chambara son fleuron : issu du théâtre, extrêmement ritualisé et codifié, pourvu d'une gestuelle alliant lenteur hiératique et vitesse d'exécution la plus virtuose, le genre avait ses stars ­ notamment Denjiro Ookochi, immense vedette du muet et des années 30 ­, ses maîtres et ses petits maîtres.

Plusieurs dizaines de ces films furent tournés, et les festivals de Kyoto, Locarno ou Orléans, depuis le milieu des années 90, en ont