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Libération

Uma god!

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Uma Thurman en combinaison jaune est un des plaisirs de «Kill Bill», le nouveau Tarantino que boude la critique américaine.
publié le 5 novembre 2003 à 1h43

Los Angeles correspondance

On est dans la file d'attente devant le Vista pour Kill Bill, première séance, premier jour. Là où doit se juger tout film de Tarantino : sur son turf, dans son monde, avec les siens. Pas autrement. Autrement, c'est ce qu'on a lu partout et ce qu'on lira sûrement bientôt en France.

«Détritus... pornographie», dit le San Francisco Chronicle, rebuté par les geysers de jus de grenache. «Un demi-film qui paraît encore trop long», lâche un autre, plus raisonnablement écoeuré par la sortie en deux tronçons, qu'aucune plaisanterie faiblarde sur les films à moignons ne peut entièrement justifier. Mais prenons juste David Denby, du New Yorker, qui semble synthétiser l'affaire. Il a deux pages, en consacre les trois quarts à Mystic River, réussissant à réunir dans la même accolade Eastwood, la tragédie grecque et Arthur Miller, ce qui renseigne tout de suite sur son sens de la mesure.

Six ans d'attente. Puis il en découd brièvement avec Quentin Tarantino : «Kill Bill, écrit-il, est ce qu'on qualifie de décadence quand on veut rester poli, de merde quand on l'est moins.» Et de se lamenter avec le dédain bon ton qui caractérise la revue : «En sortant de ce film éblouissant et virevoltant, je ne ressentais rien ­ ni colère, ni désarroi, ni amusement. Rien.» Justement ce qu'on ressent devant les grands sentiments embaumés représentés par Eastwood et sa distribution prestigieuse, une oeuvre à ce point pétrie de gravité qu'elle vous défie de ne pas l'admirer. Heureus