Le lieutenant Ripley, qui est une femme, constitue assurément l'un des premiers rôles féminins d'après le Mouvement de libération des femmes. De fait, l'épopée d'Alien peut être lue comme le récit de son émancipation (1).
Eve future. Insituable au début du film où les sept astronautes sont en apesanteur sociale , elle semble d'abord occuper au sein du vaisseau spatial Nostromo une position hiérarchiquement peu élevée. C'est Ripley qui descend dans les soutes, où ses deux interlocuteurs prolétariens la traitent de «son of a bitch» (fils de pute). Mais, premier coup de théâtre, on apprend bientôt que l'appellation militaire du lieutenant Ripley (ou de «la» lieutenant, dans toute l'ambiguïté du genre) la place sur la troisième marche du pouvoir. C'est elle et elle seule qui s'insurge contre la décision, pourtant contraire au règlement, de ne pas mettre Kane, le spationaute contaminé, en quarantaine. Dans cet entêtement réglementaire d'ailleurs tout de bon sens, elle ne sera pas écoutée : «Ripley, c'est un ordre. Vous m'entendez ?»; «Oui, répond-elle. La réponse est négative.»
Il faut voir dans ce oui, qui est un non, le début d'une héroïne en devenir. Les officiers Dallas et Ash, représentants de la société patriarcale, sont complètement agis par des ordres d'une World Company désaffectée et inexorable, pas Ripley. La disparition du capitaine Dallas, après la mort de Kane, propulse Ripley aux commandes du navire habité par la bête immonde. Il lui faudra prendre le pouvoir, sur