Poursuivant vaille que vaille leur exploration des puissances cartoonesques d'un cinéma de chair et d'os, les frères Coen livrent cette saison un opus futile et dispensable, Intolérable Cruauté, comédie sur le divorce, l'arrivisme et les cabinets d'avocats entre Los Angeles et Las Vegas. On y voit s'affronter un George Clooney grimaçant et une Catherine Zeta-Jones mante religieuse autour de contrats de mariage alambiqués et de possibles pensions alimentaires mirobolantes. C'est le monde du fric américain dépeint avec un mélange d'outrance critique et de fascination hébétée. Comme dans Chicago, déjà avec la Zeta-Jones, mais avec une autre paire de tempes grisonnantes sexy dans le rôle de l'avocat (Richard Gere), le spectacle s'alimente à la source bouillonnante de l'âpreté au gain et de la rouerie morale la plus achevée, réclamant du spectateur qu'il profite de ce déballage de vils instincts plus ou moins habilement montés en graine par le tac au tac speedé de dialogues et de gags, hommageant les comédies hawksiennes genre l'Impossible Monsieur Bébé.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les frères Coen ne sont jamais parvenus à surpasser leur coup d'essai, l'inoxydable Blood Simple (Sang pour sang, 1984). La suite, avec quelques hauts (Miller's Crossing, Fargo et The Big Lebowski) mais aussi pas mal de bas dont ce dixième film, a fini par prendre la forme d'un long démenti quant aux promesses annoncées par un duo de surdoués au ricanement facile et à l'attelage fraternel a