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Libération
Critique

Jouissance, on tourne !

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Nicolas Boone filme pour de faux et pour le plaisir.
publié le 19 novembre 2003 à 1h57

Rennes envoyée spéciale

D'une voix forte, l'homme réclame la parole. La jeune fille qui a distribué les pop-corn au début de la «conférence cinématographique de Nicolas Boone» tend un mégaphone. Imperturbable, il demande à l'aréopage de figurants, perchmans et scripts qui accompagnent Nicolas Boone s'ils peuvent «répondre à la célèbre question de Bazin : qu'est-ce que le cinéma ?» Rires dans la salle. C'est que la question n'appelle pas vraiment de réponse, ici, dans l'auditorium des beaux-arts de Rennes. Sauf à considérer les performances de l'artiste de 29 ans comme autant de tentatives de renouer avec la magie du «cinoche».

Artifices. En réactivant les formes d'un cinéma merveilleux, où les films seraient faits sans caméra, et les tournages constitueraient d'authentiques moments de création collective, festive et jouissive. Formaté, le cinéma est déjà mort quand il est en boîte, estime Nicolas Boone. L'esprit du cinéma, lui, souffle dès qu'on en reproduit les artifices : la lumière, les effets spéciaux, les costumes, la bande-son, la perche, sans oublier la casquette et le fauteuil du réalisateur. Réenchanter le processus à produire des histoires en images, c'est en substance ce qu'il recherche en mobilisant des bénévoles et en intégrant les spectateurs à la figuration.

En moyenne, Nicolas Boone «réalise» deux films par an. La gageure consistant à concentrer l'événement dans une unité de temps et de lieu, à la façon du théâtre. Pour contrer ces tournages trop «frustrants» où