Menu
Libération

Milan, cible américaine

Article réservé aux abonnés
publié le 19 novembre 2003 à 1h57

On trouve presque autant d'économies du cinéma que de peuples, de pays et de processus historiques. On voit bien par exemple comment, à l'échelle européenne, malgré quelques volontés de convergence, les conditions de production restent très variables d'un pays de l'Union à l'autre : c'est une mosaïque de lois, de cultures, de pratiques qui renvoie très logiquement à l'histoire de la consommation du cinéma dans chacun de ces pays.

Pour se mélanger, se comparer, s'échanger, les films issus de toutes les économies particulières qui composent le paysage cinématographique mondial n'ont que deux chemins possibles : les festivals internationaux pour être remarqués et les marchés professionnels du film pour être vendus. Si les festivals sont cruciaux, les marchés sont les maîtres du nerf de la guerre : l'argent. C'est ici que les économies macro et micro se rejoignent et c'est ce tout-là qui forme la vraie géopolitique planétaire, matérielle, objective du cinéma.

Trois importants marchés coexistent aujourd'hui : l'American Film Market (AFM) de Los Angeles, le Marché du film de Cannes et le Mifed de Milan. Ce dernier, depuis longtemps fragilisé, vient de conclure sa 70e édition dans des circonstances funèbres : plus personne dans le métier ne donne cher de sa peau.

Ce qui se joue sur la tête de Milan est une variante du principe libéral de concentration, comme l'exprime sèchement Rick Sands, numéro 2 de l'obèse studio indépendant Miramax : «Les acheteurs vont là où vont les vendeurs. C'