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Libération

Wang Chao au charbon

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Après «l'Orphelin d'Anyang», le cinéaste tourne ces temps-cien Mongolie un film autorisé: «Jour et Nuit», sur les mineurs.
publié le 19 novembre 2003 à 1h57

Liu Tong Hao envoyé spécial

Un vent glacial du désert de Gobi s'est abattu ce soir-là sur le plateau désolé de Mongolie-Intérieure. Emmitouflé dans son épais manteau de l'armée chinoise, Wang Chao crie ses instructions comme un général en bataille : «Plus de joie ! Plus d'enthousiasme !» Les 70 figurants, tous des paysans du coin, n'ont pas besoin de se forcer à la quatrième prise de cette scène de mariage en plein air : l'alcool de riz qu'on leur sert est du vrai, à 53 °, une garantie de ne pas geler et d'assurer l'ambiance réclamée par le réalisateur.

Pour son deuxième film, après l'Orphelin d'Anyang en 2001, Wang Chao, 40 ans, n'a pas choisi la facilité. Pendant plus de deux mois, il s'est installé avec son équipe de tournage (une soixantaine de personnes) dans une ville fantôme du nord-est de la Chine, un bout du monde magnifique et dépouillé, sur mesure pour un film difficile. Ri ri, ye ye (Jour et Nuit), une coproduction franco-chinoise, se passe dans l'univers impitoyable des mines de charbon, mais porte moins sur les conditions de ce monde ­ plus proche du XIXe que du XXIe siècle ­ que sur la nature humaine, la trahison et la rédemption. Une fable sur la Chine contemporaine des réformes économiques, de l'argent facile et de l'éthique en berne.

Ville morte. Liu Tong Hao, où se déroule le tournage, est une ancienne ville minière qui, au faîte de sa «gloire» dans les années 80, comptait 1 500 ouvriers et leurs familles. Dix ans après la fermeture de la mine, il ne reste qu