L'histoire du cinéma a rattrapé, et largement dépassé, le troisième long métrage de Brian De Palma, ce Greetings qui vaut surtout pour la secousse qu'il provoqua au sein de la communauté italo-américaine new-yorkaise à la fin des années 60. Petit milieu, mais décisif : le bocal où frayaient De Palma, Scorsese, De Niro, Keitel, une bonne part de ce qui fera le cinéma américain.
Greetings et son diptyque Hi, Mom !, tourné un an après, forment une radiographie cocasse de la contre-culture new-yorkaise qui déblatère sec et sexe, et valent une gloire underground immédiate au duo qui en tient les manettes, Brian De Palma (28 ans) et Robert De Niro (25 ans). Le premier vient du cinéma universitaire, où il a dirigé le Columbia Players, puis tourné avec sa caméra Bolex trois courts métrages entre 1960 et 1962 (Icarus, The Story of an IBM Card et Wotan's Wake, de sortie en DVD chez Carlotta), et s'impose telle la coqueluche du cinéma indépendant. Le second, ayant quitté le lycée à 16 ans, suivi des cours d'art dramatique chez Stella Adler, a écumé les planches du «Off-Broadway» et fait le service lors de diners-theatre qui l'ont un peu nourri. Il a surtout tourné dans les premiers longs de son pote De Palma : The Wedding Party, où il figure l'ami du marié, un second rôle à 50 dollars la journée, puis, dans Greetings et Hi, Mom !,le personnage de John Rubin, voyeur obsédé sexuel passant de la surexcitation à l'abattement, parlant de ses fixations à l'infini et à toute vitesse, conchiant