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Libération

La voix de Green

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publié le 26 novembre 2003 à 2h03

L'une des meilleures qualités du cas Eugène Green est son insaisissabilité. Il ne faut surtout pas le considérer comme un cinéaste, un écrivain, un metteur en scène de théâtre, un directeur de troupe, un Américain à Paris, un orateur ou un critique d'art : il n'aurait aucun intérêt particulier à être rapporté à l'une de ces catégories. Il serait tout aussi faux de dire qu'il est un peu tout cela à la fois : Eugène Green n'est jamais «un peu» artiste. Il semble au contraire à chaque fois l'être «beaucoup».

Avec son deuxième long métrage, le Monde vivant, qui sort aujourd'hui, Green fait paraître deux livres (1), qui n'ont a priori rien à voir entre eux ni avec le film. D'une part un recueil de cinq contes, la Rue des Canettes, d'autre part un «Essai sur la nature du cinéma» intitulé Présences. Ce dernier est vendu avec un disque à l'intérieur, dans lequel Green a collecté cinq courts extraits de bandes-son éloquentes : Au hasard Balthazar de Bresson, l'Enfant sauvage de Truffaut, les Harmonies Werckmeister de Bela Tarr ainsi que Toutes les nuits et le Nom du feu de Green lui-même.

Doit-on voir derrière cette suractivité de Green, derrière ses productions gigognes, ses interventions décalées ou sa capacité à s'exprimer sous diverses formes et sur de multiples fronts, un dispositif marketing comparable, en plus raffiné, à celui qui accompagne la sortie d'une machine hollywoodienne façon Harry Potter ? Ou doit-on au contraire chercher à interpréter cette impressionnante puissance