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Libération
Critique

Le conte de Green

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publié le 26 novembre 2003 à 2h03

Dans son essai la Parole baroque, Eugène Green détaillait les modes de l'éloquence théâtrale au XVIIe siècle. «C'était, écrit-il, pour l'acteur une "technique" à maîtriser, et pour le public une "difficulté" à surmonter, qui "éloignait" le texte du présent matériel pour le faire entrer dans un autre présent, où se dévoilait, dans la réalité de la langue, le sens véritable de la représentation.» La frontalité des acteurs et l'énergie de leur parole, avec des types d'intonation des mots et de liaisons très particuliers, n'ont cessé de tarabuster Eugène Green tout au long d'une carrière dramaturgique avec la troupe qu'il avait créée ­ le Théâtre de Sapience ­ et qu'il a fini par abandonner pour se consacrer au cinéma. Dans ses films, les acteurs, troupes aux joues fraîches (Alexis Loret, Adrien Michaux, Christelle Perrot et Laurène Cheilan), énoncent d'une voix blanche des dialogues marqués du seing altier de ces recherches.

Incompréhension. Né aux Etats-Unis, Green a définitivement quitté son pays d'origine en 1968. Après des séjours en Allemagne et à Prague, il s'installe à Paris. Il ne réalisera son premier long métrage, Toutes les nuits, inspiré par la Première Education sentimentale de Flaubert, que tardivement, en 2001, se décidant à envoyer le scénario au Centre national du cinéma après avoir découvert que Jacques Rozier, cinéaste qu'il admire, venait d'être nommé président de la commission d'avance sur recettes. Les difficultés à monter ses projets poursuivent Green. De